Industrie et/ou services un faux débat

Jeudi, 18 Septembre 2014 00:00 merchid.berger@finances.gouv.fr (Merchid BERGER)
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Le débat est récurrent. La France se désindustrialise et bascule dans l’univers des services. La désindustrialisation serait la cause de nos difficultés et donc la réindustrialisation un enjeu majeur. Pour d’autres au contraire, nous devons basculer résolument dans l’ère des services et ne pas nous acharner à soutenir une industrie en déclin. Sans doute, les termes du débat sont-ils plus complexes mais il nous incite à regarder de plus près ce que représentent les services dans notre économie et quel rôle ils jouent et peuvent jouer dans la croissance, la création d’emplois et le développement économique. L'occasion de renouveler les approches et de mieux mesurer le poids des services pour en tirer le meilleur parti.

 Au sens large, les services regroupent des activités très diversifiées allant des transports à l’administration, le commerce, les activités financières et immobilières, les services aux entreprises et aux particuliers, l’éducation, la santé, etc.  Mais, secteur relativement récent et longtemps considéré comme " improductif ", les services sont moins bien identifiés que l’industrie ou l’agriculture. Et pourtant, l’économie française a connu en quelques décennies une mutation considérable. Les activités de services représentaient en effet 80 % du PIB en 2010 contre 69 % vingt ans plus tôt. Et, en 2013, les services marchands représentent 58% de la valeur ajoutée du PIB. Le secteur emploie 9 millions de  personnes et est le 1er employeur de France, avec 35% de l’emploi total contre 22% il y a 30 ans. Enfin, les services apportent une contribution importante à notre  balance commerciale (+ 32 Md€ en 2012). Il est donc temps d’intégrer cette dimension et c’est bien le sens de la création en juin 2013 de la Commission Nationale des Services (CNS) par le ministre de l’Economie.

 
Le débat industrie / services n’est pas si simple. C’est qu’en effet la frontière entre les deux activités est devenue poreuse et activités industrielles et de services sont de plus en plus imbriquées et partenaires dans la création de valeur.
 
La désindustrialisation est une tendance mondiale et ne touche pas seulement les pays développés. Le poids de l’industrie dans le PIB mondial était de 16,7 % en 2010 contre 19,7 % en 1998. Mais, comme le souligne le numéro de février 2014 de la lettre du CEPII, les débats sur les conséquences de la désindustrialisation reposent souvent sur la vision d’une économie constituée de secteurs distincts. Or il n’en est rien. La frontière entre les deux types d’activités est devenue très floue. Les entreprises industrielles ont en effet une production de services pour leur propre compte (R&D, marketing, etc.). Mais elles produisent aussi des services complémentaires à leur production pour le compte de leurs clients. Selon l’étude du CEPII, 80 % des entreprises industrielles ont une production de services pour autrui et 26 % d’entre elles ne vendent que des services. Et si les entreprises industrielles produisent de plus en plus de services, les entreprises de services, elles, augmentent leur production de biens pour compte d’autrui. C’est dire qu’une vision cloisonnée des deux secteurs n’est plus de mise.
 
C’est ce que souligne Christian Nibourel, vice-président de la Commission Nationale des Services (CNS) dans l’interview à lire dans cette lettre : la demande de biens s’est enrichie de services et industries et services sont devenus complémentaires et interdépendants. La création de la CNS par les pouvoirs publics résulte d’une prise de conscience de cette réalité. Et les passerelles avec le conseil national de l'industrie (CNI) doivent permettre des visions croisées sur des problématiques communes.
 
Les services ont aussi un rôle à jouer dans les mutations économiques et la redynamisation de territoires en difficulté. C’est ce que montre l’expérimentation lancée par la CNS, " Services Lab ", destinée à rapprocher les acteurs d’un territoire pour faciliter l’implantation d’activités de service et la création d’emplois. Mais c’est aussi ce que montre l’exemple de l’intérim (voir l’interview de Manuel Lecomte, secrétaire général du syndicat national du travail temporaire CFTC) qui, contrairement à des idées reçues, joue un rôle dans ces mutations. Enfin c’est aussi le sens de l’action menée dans les Asturies avec le tourisme (voir la rubrique « comment font les autres ? »).

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