Lors de mon retour de Bolivie en avril dernier, j’ai fait escale à Panama. J’avais un après-midi pour visiter la ville et son fameux canal. J’ai sauté sur l’occasion, et je ne fus pas déçu!
Le canal de Panama a toujours évoqué pour moi les lointaines destinations. Panama fait partie de ces mots voyageurs invitant l’imagination à se projeter loin. Panama, c’est facile à retenir, cela se prononce facilement, c’est un mot qui glisse sur les lèvres.
Le mot canal n’a pas cette force. Pourtant, mis ensemble, ces deux mots font leurs effets, n’en est-il pas de même pur vous ?
Escale à Panama
Mon avion en provenance de Lima vient de se poser. A l’aéroport de Panama, je me décide finalement à louer un mini-bus pour la demi-journée avec un guide-chauffeur. Mon avion pour la Colombie est à 20h.
Si vous avez peu de temps, c’est franchement le meilleur plan. Il vous en coûtera 70 dollars. C’est une dépense certes, mais c’est vraiment pratique. Un minibus juste pour vous qui vous prend et vous amène à l’aéroport. Pas de perte de temps à attendre les différents bus locaux, pas de bagages à laisser à la consigne de l’aéroport, bref, il serait dommage se s’en passer !
Le Canal est tout de même situé assez loin, de l’autre côté de la ville, à l’opposé de l’aéroport. Diego, un black imposant et jovial, m’embarque de suite. Au loin, les tours du quartier d’affaire de la ville se profilent vite. Prés de la mer, la tour Donald Trump attire les regards. Le magnat de la presse a posé sa griffe sur ce beau littoral déformé.
Il ne faut pas oublier que Panama est une sorte de dictature, enfin pas officiellement, comme beaucoup de pays d’Amérique Centrale. La population ne voit pas vraiment l’énorme masse d’argent générée par le canal ( 1,4 milliards de dollars en 2005). Tout va dans la poche d’une élite qui contrôle le pays. Panama, c’est aussi corruption et magouille à gogo. D’ailleurs, profitant de taxes peu élevées, de nombreuses compagnies ont ici un compte offshore. Ne me dites pas que vous êtes étonné ?
Mise à part ces tours modernes, pour le reste, Panama c’est bien l’Amérique Centrale avec ses chicken bus, ses vendeurs de rues et une pauvreté certaine.
Une histoire rocambolesque
Le canal de Panama, c’est déjà une histoire digne d’un roman. Une légende de la détermination humaine à transformer la nature.
La construction du canal fut lancée par les Français et…terminée par les Américains. Ferdinand de Lesseps, le fameux instigateur français du canal de Suez jeta cette fois-ci l’éponge.
Dès les premiers temps de la découverte de l’Amérique, les colons ont pris conscience de l’intérêt d’ouvrir un passage entre les deux océans. Regardez une carte, l’intérêt est clair ! Sacré détour de passer par le Cap Horn !
On pensa d’abord à une route reliant les deux océans. Petite parenthèse pour vous raconter rapidement un épisode peu connu de l’histoire. En 1698, des colons écossais débarquèrent à Darien pour fonder une colonie et une route commerciale. Ce fut l’hécatombe, notamment en raison des maladies. New Edinburgh fut abandonnée à la jungle…
Ferdinand de Lesseps choisit un système d’écluse construit par Gustave Eiffel. Il lance les travaux en 1881 et rencontre tout de suite les premières difficultés : accidents, épidémies, tremblement de terre etc. Le chantier prend du retard, le budget est insuffisant. Il s’ensuit un scandal politico financier qui aboutit à la faillite de La Compagnie de Panama.
Après plusieurs années, la poursuite des travaux revient aux Etats-Unis qui profitent de l’aubaine pour se faire octroyer une concession à perpétuité sur le Canal !
Le canal est inauguré en 1914. En 1999, il est revenu de plein droit au Panama. En théorie, les navires américains ont la priorité de passage cela dit…
Depuis son ouverture, c’est bien sûr un énorme succès. Chaque année, plus de 14 000 navires transportant plus de 203 millions de tonnes de cargaison passent ici. Jusqu’en 2002, plus de 800 000 navires sont passés par là !
Les écluses de Miraflores
Avant d’arrive au Canal, nous traversons la zone occupée autrefois par les Etats-Unis. C’était véritablement un bout d’Amérique plantée là, avec son imposante base militaire. Un alignement d’anciennes casernes se succèdent le long de la route.
Les écluses de Miraflores est le dernier obstacle pour la traversée de l’isthme. C’est ici que le centre de visite du canal a été construit. Un musée et diverses autres installations accueillent les touristes. Le clou du spectacle, c’est bien sûr le passage d’un navire ! Il faut parfois attendre une heure, le temps que le prochain mastodonte approche.
De petites locomotives appelées mulas tractent les navires le long des écluses. Le rythme est lent !
Miraflores, c’est un peu un nœud de la mondialisation. Des touristes de tous pays attendent le passage d’un cargo chinois ou allemand traversant la moitié de la planète. Sur le pont du navire, des employés de toutes nationalités regardent d’autres étrangers l’espace de quelques minutes.
Quelques chiffres et faits :
- Le canal est constitué de deux lacs artificiels, plusieurs canaux et trois ensembles d’écluses.
- Il faut neuf heures pour qu’un cargo traverse l’isthme
- Les dimensions des écluses : largeur : plus de 300 mètres ; longueur : 305 mètres
- Taxe de passage : pour les cargos, en moyenne, environ 150 000 – 200 000 dollars. Si vous passez avec votre voilier, la taxe se montera à 500 dollars pour un 15 mètres. A la nage, vous devrez payer quelques cents…
- Les navires sont de plus en plus gros: 1/3 ne peuvent emprunter le canal pour cette raison. Aussi, des travaux d’élargissement sont en cours.
- Une concurrence pourrait à l’avenir exister. Le Nicaragua a annoncé un projet de Canal. Et le réchauffement climatique pourrait ouvrir un passage au nord-ouest du Canada…
J’ai tourné cette vidéo lors du passage d’un cargo chinois :
Il ne me reste plus trop de temps pour découvrir la ville de Panama. Nous passons trop rapidement dans le quartier le plus intéressant : Panama la Vieja, le centre historique. L’aperçu que j’en ai est prometteur : façades colorées coloniales, petites places et vieilles églises. Diego m’emmène déjeuner dans un restaurant au bord de l’eau. En face, les tours de la ville semblent presque toucher les nuages menaçants qui s’accumulent dans le ciel.
Voilà, une journée menée tambour battant, mais au combien intéressante ! Si vous avez une correspondance, il est toujours intéressant de pouvoir décaler le vol suivant pour découvrir une ville que vous ne connaissez pas. C’est d’ailleurs l’objet de la rubrique « Escales » sur mon autre blog Prendre l’avion !
Instinct Pratique :
- Le canal est situé à 20 min du centre-ville
- Entrée minimum pour la visite : 12 dollars
- Possibilité de déjeuner sur le pouce sur place
- Comptez bien 2h sur place le temps d’attendre le passage d’un navire !
Mais peut-être connaissez-vous davantage la ville ? Si oui, aidez-moi à compléter : quoi voir dans la ville en une journée ?
Recherches qui ont permis de trouver cet article:
- hiver montreal
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