La capitale allemande est the place to be depuis quelques années pour les jeunes européens, qui y débarquent en masse avec les compagnies aériennes low cost. Mais la déferlante de ces « easyJeters » ne fait pas que des heureux parmi les Berlinois. Les touristes sont-ils encore les bienvenus à Berlin ? Explications.
Longtemps injustement dénigrée par le tourisme international qui lui préférait des villes plus chics, Berlin connait un véritable engouement et est devenue la troisième ville la plus visitée d’Europe, après Paris et Londres. Le tourisme représente aujourd’hui l’une des principales ressources économiques de la ville (10% de ses revenus) et la municipalité ne compte pas en rester là et veut exploiter à fond cette manne inespérée il y a peu de temps encore.
La (mauvaise) surprise n’en a été que plus grande de voir ces derniers mois apparaître sur les murs des quartiers les plus fréquentés par ces nouveaux touristes des slogans directement dirigés contre eux. On raconte même que des personnes se sont fait insultées pour le simple fait de ressembler à des visiteurs étrangers.
« Noisy tourists go home! »
« Berlin doesn’t love you »
« Sorry, no entry for hipsters from the U.S. »
Les habitants reprochent aux touristes leurs nuisances (se pourrait-il que les jeunes Français, Espagnols et autres perdent de leur sens civique après une tournée des bars berlinois ?), mais surtout la commercialisation du quartier et l’ augmentation des loyers qui en découle.
La mort du Berlin alternatif ?

Le quartier Kreuzberg à Berlin
C’est Louise Culot, journaliste à Berlin, qui explique le mieux comment on en est arrivés là : Après la chute du Mur, l’Est et les quartiers populaires de l’Ouest ont été abandonnés et livrés à l’esprit de débrouille et de créativité locale.
« Les loyers très bas et les nombreux espaces disponibles ont engendré une prolifération de bars plus ou moins légaux, de salles de concerts, de galeries, de magasins de seconde main, de restaurants indiens et de tout ce qui précède la « boboïsation » d’un quartier. Cette évolution sonnera sans doute le glas d’une époque glorieuse pour les Berlinois de souche ou d’adoption »,
craint-t-elle.
Cette « boboïsation » particulièrement rapide dans le quartier Kreuzberg signifie pour ses habitants une hausse considérable des loyers. Le Berlin way of life – « arm aber sexy » (« pauvre mais sexy ») – est devenu un argument marketing et ces quartiers atypiques ont attirés les investisseurs, allemands et étrangers… et les touristes, qui paient bien injustement pour tout cela….
Titre : Slogan lancé par le parti Vert (les Grüne) qui souhaitent imposer une taxe spéciale aux touristes.
Photos : Vincent Desjardins / Flickr cc.
Consultez la source sur Liligo.fr: Berlin « Au secours les touristes débarquent