Si vous êtes allé au Salon international tourisme voyages, le week-end dernier, vous n’avez pas pu manquer le vaste îlot consacré à la photo et à la vidéo: de Nikon à Canon en passant par Lozeau, GoPro et Sony, ils étaient une bonne dizaine d’exposants à proposer appareils photos, énormes téléobjectifs, ateliers d’initiation et de perfectionnement, caméras pour casque et autres capteurs d’image dont plus personne ne semble pouvoir se passer de nos jours.

Crédit: Luigi Vaccarella/National Geographic/www.boston.com
Car jamais la prise de jolis clichés n’a été aussi facile – une assertion qui se vérifie a fortiori à chaque fois que la technologie évolue, ce qu’elle fait à la vitesse Grand V, comme tout un chacun le sait.
De nos jours, on filme avec un appareil reflex des extraits vidéo d’assez haute définition pour passer à la télé, les téléphones cellulaires s’accouplent à des applications pour engendrer des créations hautement artistiques et le moindre petit appareil photo peut capter des images en rafale, ce qui fait souvent toute la différence pour saisir à la seconde près l’instant présent – celui-là même qui vient tout juste de s’enfuir, après le déclic.

Crédit: Peerakit Jirachetthakun/National Geographic/www.boston.com
Bien sûr, les médias sociaux contribuent grandement à cet engouement: insatiables goinfres qu’il faut sans cesse gaver d’images et d’information, les Facebook, Tumblr et autres Pinterest continuent d’encourager quiconque à tout croquer autour de lui pour partager, comparer, épater.
Même les mouettes s’y mettent tandis qu’une caméra grosse comme une boîte d’allumettes peut saisir de fabuleux instants – témoin en est la vidéo promotionnelle de la nouvelle caméra GoPro, ci-bas: de nos jours, on ne veut plus seulement témoigner, on veut aussi se mettre en scène dans un monde plus que jamais accessible.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Certains avancent avec raison que pareille obsession de l’image devient aliénante par moments: combien de voyageurs suivent désormais l’ancien “modèle japonais”, qui consiste à mitrailler tout ce qui bouge ou non, faute de temps pour tout sentir, pour ensuite vraiment vivre son périple à la maison? Sans compter que de plus en plus, cette manie de tout photographier se fait au détriment du respect le plus fondamental des populations locales…
Cela dit, grâce à cette idée fixe de tout fixer sur pixels, 9 passants urbains sur 10 sont devenus des caméramen en puissance, ce qui est fort utile pour clouer au pilori tous les matricules 728 de ce monde.
Bref, photographes et vidéastes amateurs le sont de moins en moins: pour s’en convaincre, on n’a qu’à glaner la sélection de magnifiques clichés du concours de photo annuel de National Geographic (qui n’en est qu’à mi-parcours), effectuée par The Big Picture, ainsi que les résultats d’un autre concours de photos, animalières celles-là, relayées par le Telegraph de Londres.

Paul Nicklen/Veolia/The Telegraph
Bien sûr, certains des photographes qui participent à ces concours sont des pros ou des semi-pros; mais bon nombre d’entre eux ne sont que des dilettantes qui apprennent sur le tas, heureux de quadriller le monde à leur manière.
Ce qui nous laisse croire que s’il est un métier qui continuera de compter beaucoup d’appelés et vraiment peu d’élus, c’est bien celui de photographe professionnel.
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