Flash back. En 2008, j’ai voyagé plusieurs mois en Inde et au Népal. Voici un extrait d’un de mes carnets de voyage où il est question de pollution, de sâdhus et de Tintin…
Direction la mythique Katmandou !
Après le parc Royal de Chitwan, nous reprenons le bus pour gravir à nouveau les contreforts encaissés de l’Himalaya. La route serpente le long de puissantes rivières de montagne au pied de massifs imposants. Une procession de camions et de bus s’étire lentement sur une route étroite et constellée de trous. Nous avons hérité de la plus mauvaise place : l’arrière du bus. Du coup, on a presque l’impression de faire corps avec la route tant on sent bien toutes les imperfections du bitume. J’essaye, entre deux décollages stratosphériques de mon postérieur, de continuer ma discussion avec mon voisin, un voyageur belge.
Nous arrivons sous la pluie à Katmandou. Au sud de l’Everest, la vallée de Katmandou concentre l’essentiel de la richesse culturelle du Népal, et plus de deux millions d’habitants. La capitale, située à 1300 mètres d’altitude, a déjà attiré plus d’un million de Népalais dans un pays qui en compte 28 millions.
Elle a la réputation d’être la ville la plus polluée au monde (NDLR : quoique depuis avec Pékin en Chine…) et d’entrée de jeu, on y croit fortement. Les rivières sont des poubelles à ciel ouvert. Les eaux sont recouvertes de déchets divers, notamment de plastique. C’est à un point tel qu’il est difficile d’apercevoir la couleur bleue de l’eau, enfin la couleur noire plutôt.
Je n’avais jamais vu ca. Et je ne vous dis pas l’odeur…Idem pour l’air. Il nous sera impossible d’avoir une vue dégagée des montagnes entourant la ville, une brume règne en permanence sur l’agglomération. Jamais pollution n’aura été aussi visible.
Katmandou, c’est aussi son ghetto touristique. Un Thamel qui vaut bien un Kao San Road, son alter-ego thaïlandais. Ces rues goudronnées et propres offrent une concentration étonnante de boutiques d’artisanat, de matériels pour trekkeurs (des copies de grandes marques, The North Face a un grand succès), d’agences de trek, de restos et tout ce qui existe pour que le touriste consomme ses euros.
Des enfants font du lèche-vitrine devant les supérettes touristiques et un flot continue de rickshaw, de taxis et de touristes armés de leurs imposants sacs se déversent dans les ruelles du coin. La ville devint célèbre dans les années 60 en devenant la capitale des hippies occidentaux. Elle est maintenant en plus la capitale des trekkeurs du monde entier.
Katmandou, c’est la capitale d’un royaume qui n’en sera bientôt plus un. A l’approche des élections d’avril, les meetings se succèdent. Les maoïstes sont très actifs sur ce front. Les murs de la ville sont couverts de nombreux graffitis à leurs couleurs. Lors de la journée de la femme, le 8 mars, le bruit des rues de Katmandou a été recouvert par les slogans des Népalaises attachées à la démocratie. Des groupes colorés, banderoles en tête, défilèrent dans les rues autour de Durbar Square, la vieille place au centre de la ville.
Durbar Square : le cœur de Katmandou
Katmandou, c’est aussi une ancienne citée médiévale fondée au Xème siècle. Durbar Square est le cœur de la vieille ville. Cette place royale est grouillante de passants déambulant au milieu d’une nuée de pigeons.
Cette place abrite près de 50 temples et monuments, tels le temple de Shiva et son triple toit. Un couple de sâdhus installé devant un temple attire l’attention des touristes pour le contrat suivant : photos contre roupies. Il faut dire que les sâdhus sont hautement photogéniques et ils en ont bien conscience ! Barbe, cheveux longs, tunique colorée et peintures diverses sur le visage, j’ai parfois l’impression qu’ils abusent de ces attirails à des fins commerciales. Sourire éternel aux lèvres, ils peuplent les rues pour mendier.
Beaucoup font un commerce de leur image. Je me souviens notamment d’un sâdhu qui a refusé que je lui tire le portrait après que je lui ai donné quelques roupies ! Jugeant sans doute que son image valait mieux, il m’a rendu daredare mes pièces et m’a laissé ainsi sans voix. Or un “vrai sâdhu” est un renonçant, il vit de dons et ne possède pas de toit. Il se brise les nerfs de son phallus pour une vie d’abstinence. Il choisit une vie de sainteté afin d’arrêter le cycle des renaissances et arriver à la libération, le but de tout hindou.
Ces saints hommes représenteraient 0.5% de la population indienne ! Entre Thamel et Durbar Square, la vieille ville et ses étroites ruelles sont surchargées d’activités humaines. Le marché et de nombreuses boutiques se tiennent dans ses ruelles bourdonnantes. Les portes des maisons de ce vieux quartier, tout en bois et pas très hautes, possèdent un charme d’antan. Quant aux fenêtres, en bois, elles sont finement sculptées et ornées de motifs divers.
Le stupa de Bodhnath
Kathmandou, c’est bien sûr ces temples hindous et bouddhiques. Swayambunath, appellé aussi le temple des singes, est situé sur une colline à l’ouest de la ville. Ce temple offrirait une belle vue si le voile brunâtre de la pollution était absent. Au bout d’un impressionnant escalier, près duquel vont et viennent de nombreux singes, nous arrivons devant un stupa blanc sur le sommet duquel les yeux de Bouddha nous accueillent.
Voici l’un de plus anciens sanctuaires bouddhiques du monde avec un âge canonique de 25 siècles! Mais le sanctuaire bouddhique le plus important de Katmandou est sans aucun doute le stupa de Bodhnath. Celui-ci est d’une taille imposante, il passe d’ailleurs pour être le plus grand du Népal. On en trouve une illustration dans l’album “Tintin au Tibet” car, comme le sait très bien tout tintinophile qui se respecte, Hergé s’est inspiré à l’époque du Népal, le Tibet étant alors interdit aux étrangers.
Ce grand monument circulaire blanc de 100 mètres de diamètre est coiffé d’une sorte de pyramide dorée dont la base rectangulaire est ornée des yeux de Bouddha. Les bouddhistes tournent autour dans les sens des aiguilles d’une montre en faisant tourner les moulins à prières. Soi dit en passant, le moine qui a institué cet accessoire incontournable du monde bouddhique a eu une sacrée bonne idée. En effet, nul besoin ainsi de réciter des chapelets de prières, il suffit de faire tourner le moulin !
Notre séjour coïncide avec la tenue d’une des plus importantes fêtes hindoues : Maha Shivaratri. Le temple de Pashupatinath, un des multiples noms de Shiva, voit affluer des milliers de pèlerins de tout le pays. Impossible d’approcher du temple tant l’afflux est important. La colline transformée en jardin qui domine le site est elle aussi surpeuplée, aussi nous battons en retraite.
Patan, ancienne ville royale
Katmandou, c’est bien sûr sa vallée et ses richesses dont Patan, ancienne ville royale. Son Durbar Square, peuplée de beaux palais et temples, est envoûtant, de même que ses rues médiévales. Autre merveille : Bhaktapur. Fondée il y a 1200 ans, c’est une des plus anciennes cités d’Asie. Il est facile d’y flâner une journée tant ce site est enchanteur.
Ville d’artisans, ses charmantes ruelles très bien conservées offrent un bel aperçu de la production locale : tankhas, pashmina, bijoux, masques en bois, kukhuri (couteaux népalais) ou encore saranghi (un instrument proche du violon), il est facile de céder à la tentation!
Le Durbar Square de la ville est là aussi fascinant. D’ailleurs, Bertolucci y tourna “Little Bouddha”. Sur une des places de la ville, un meeting maoïste se prépare alors que des hélicoptères de l’armée tournent au-dessus de la ville. La vallée offre bien d’autres sites et villages intéressants dominés au nord par les hautes montagnes de l’Himalaya.
“ Tu vas faire un trek?” Voila la question que l’on vous posera le plus souvent ici. Si vous n’en faites pas, c’est limite si vous n’êtes pas bizarre. Hé bien je n’ai point fait de trek au Népal. J’en avais prévu un à Pokara mais une bactérie a déjoué mes plans. Apres une semaine à visiter la vallée de Katmandou, j’ai eu envie de partir sans demander mon reste.
Je termine mon séjour par un vol d’une heure au-dessus des montagnes. Dans un petit coucou de Buddha Air, les plus hauts sommets se succèdent jusqu’au mythique Everest. Le plaisir est un peu gâché par quelques nuages accrochés à son sommet mais ma mémoire retiendra la splendeur blanche de ces massifs et la forme bien distincte de l’Everest.
Depuis 2008, je ne suis pas du tout sûr que la situation au niveau de la pollution ait beaucoup changé. Par contre, les maoïstes ont gagné les élections et sont au pouvoir depuis 2008. Une des premières actions prises fut d’abolir la monarchie et de déclarer la République.
Vos impressions sur la ville et sa région pour ceux qui connaissent?
Consultez la source sur Instinct-voyageur.fr: La vallée de Katmandou ses sâdhus Patan et l’Everest…