À 68 ans, multimillionnaire, remarié et papa de deux fillettes de sept et cinq ans à élever, il aurait pourtant raison de prendre sa retraite. C’est toutefois mal connaître ce sportif, amateur de vélo, dont le nom avait circulé en 2008 pour remplacer Henri-Paul Rousseau à la tête de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Mais il a toujours préféré être entrepreneur. « Rêver, c’est vivre. Et quand tu arrêtes de rêver, tu es mort. Moi, c’est le plaisir et la satisfaction de bâtir quelque chose qui m’intéressent », confie-t-il.
Ainsi ambitionne-t-il de faire de sa société, Fiera Capital, un des acteurs majeurs de la gestion de capitaux en Amérique du Nord. Et il est bien parti. Moins de 10 ans après sa création, son entreprise gère 66 milliards de dollars pour des caisses de retraite de grandes sociétés ainsi que des fonds communs de placement du Mouvement Desjardins et de la Banque Nationale. Le rendement des REER de milliers de Québécois dépend en bonne partie de ses décisions et de celles de ses 300 employés !
Fiera Capital est un peu la Couche-Tard de la finance québécoise. D’ici cinq ans, Jean-Guy Desjar-dins veut qu’elle ait doublé de taille, avec un actif sous gestion de 100 à 125 milliards de dollars. Après avoir fait une demi-douzaine d’acquisitions au Québec et au Canada, il souhaite s’implanter « de manière sérieuse » aux États-Unis.
« Ce qui me motive, ce sont les responsabilités. J’en veux toujours plus », dit-il dans son bureau, où sont alignées les photos de ses cinq enfants, petits et grands, au huitième étage d’un immeuble de l’avenue McGill College. De là, il dirige ce qui est devenu la troisième société indépendante de gestion de capitaux en importance au Canada.
Issu d’une famille — « pauvre », précise-t-il — du quartier Saint-Michel, titulaire d’une licence en sciences commerciales de HEC Montréal, Jean-Guy Desjardins a débuté comme analyste financier à la Sun Life en 1969. Trois ans plus tard, à 28 ans, il cofondait TAL Gestion globale d’actifs, qui s’est forgé une solide réputation grâce à ses rendements souvent supérieurs à ceux de ses pairs. En 1994, la banque CIBC, qui cherchait à accroître sa présence au Québec, prend une participation de 55 % dans TAL. En 2001, après avoir changé de président, la CIBC veut acheter le reste des actifs de TAL. Jean-Guy Desjardins refuse et négocie pendant deux ans le rachat de la part de la CIBC. Peine perdue. Il est « coincé » par le prix très élevé — le chiffre de 350 millions de dollars a circulé — qu’offre la banque. Il finit par céder, car il lui faut penser au bien-être financier des 90 associés de TAL.
Pas question toutefois de rester assis sur ses millions. Après une pause de quelques mois, il achète en 2003 Elantis, filiale du Mouvement Desjardins qui a cinq milliards de dollars de capitaux sous gestion. Cela servira d’amorce à Fiera (« fierté », en espéranto).
En 2012, il frappe un grand coup en faisant l’acquisition de Natcan, filiale de la Banque Nationale qui gère des fonds communs de placement et des caisses de retraite. « Louis Vachon, président de la BN, m’a pressenti. J’ai posé mes conditions, il avait les siennes. Mais on avait un même objectif : avoir à Montréal un gros business de gestion de capitaux d’envergure nord-américaine. » Seul hic : le Mouvement Desjardins est un important actionnaire de Fiera, et il fallait le convaincre de s’asseoir à la même table que son rival. Finalement, après plusieurs mois de négociations avec Louis Vachon et Monique Leroux, présidente de Desjardins, une entente est conclue. « Ça se passe très bien à la table du conseil d’administration », assure Jean-Guy Desjardins.
« Le but, c’est de bâtir une grande entreprise qui va durer, dit-il. J’espère que dans 25 ans Fiera sera encore là et aura 1 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. » Pourquoi cesser de rêver quand on est si bien parti ?
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En 10 ans, son entreprise, Fiera Capital, est devenue le deuxième gestionnaire québécois de capitaux, juste derrière la Caisse de dépôt et placement.
(Photo : Fiera Capital)
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