
Les trois plus récents chefs du Parti libéral du Canada: Justin Trudeau, Michael Ignatieff et Stéphane Dion.
Les militants libéraux, autant fédéraux que provinciaux, sont particulièrement souriants aujourd’hui. On les comprend, les bonnes nouvelles n’ont pas été nombreuses depuis deux ou trois ans.
Le sondage CROP-La Presse publié ce matin place le Parti libéral du Québec et le Parti libéral du Canada avec de bonnes avances dans les intentions de vote au Québec.
CROP-La Presse fédéral
PLC 38 %
NPD 30 %
Bloc 18 %
PCC 10 %
CROP-La Presse provincial
PLQ 38 %
PQ 25 %
CAQ 22 %
QS 11 %
(Contrairement à Léger Marketing, Crop ne met pas de document en ligne pour avoir plus de détails. Le texte de La Presse est ici.)
Un coup de sonde qui va dans le même sens que le Léger Marketing-Le Devoir du 29 mars dernier, bien que ce dernier était moins exubérant dans l’écart entre les partis. (Voir ici)
Léger Marketing-Le Devoir – 29 mars 2013 – Intentions de vote provinciales
PLQ 33 %
PQ 29 %
CAQ 20 %
QS 9 %
PVQ 4 %
ON 3 %
Est-ce à dire que le rouleau compresseur libéral va aplatir les autres partis aux élections? Non, pas nécessairement.
Sans vouloir jouer les «casseux de party» pour les électeurs libéraux, un petit rappel historique s’impose. Un sondage est une photographie de l’opinion du moment. Et cette photographie de la marque libérale a déjà été identique il n’y a pas si longtemps. Inutile de remonter à Pierre Elliot Trudeau.
Au fédéral, en avril 2009, le PLC récoltait… 38 % des intentions de vote au Québec (sondage Léger Marketing). Le chef était alors Michael Ignatieff. Il venait de prendre les commandes du parti et il jouissait du sursaut qui vient généralement avec la nouveauté.
Léger Marketing – Avril 2009 – Intentions de vote fédérales au Qc
PLC 38 % Bloc 32 % PCC 14 % NPD 13 %
L’embellie a même durée trois mois.
Léger Marketing – Mai 2009 – Intentions de vote fédérales au Qc
PLC 37 % Bloc 33 % NPD 14 % PCC 13 %
Léger Marketing – juin 2009 – Intentions de vote fédérales au Qc
PLC 35 % Bloc 35 % NPD 15 % PCC 11 %
Deux ans plus tard, c’est le NPD qui remportait une victoire écrasante au Québec, détruisant le Bloc, le PC et le PLC de Michael Ignatieff.
On peut même remonter dans le temps encore un peu.
Février 2007, après l’arrivée de Stéphane Dion comme chef du PLC:
Sondage Léger Marketing – Février 2007 – Intentions de vote fédérales au Québec
PLC 32 % Bloc 31 % PCC 24 % NPD 6 %
Justin Trudeau n’est pas Dion ou Ignatieff. Leurs forces et leurs faiblesses ne sont pas les mêmes. Mais il devra lui aussi tenir la route pendant plus de deux ans, les élections fédérales n’étant pas prévues avant l’automne 2015 (date fixe).
Le vrai défi sera de dépasser l’engouement éphémère, l’attrait de la nouveauté. Être dans l’oeil des caméras sans arrêt use un politicien dans l’opinion publique. Ignatieff s’est accroché pendant trois bons mois en tête au Québec avant de voir son étoile pâlir…
…
Du côté du Parti libéral du Québec, même phénomène, mais avec une nuance: les prochaines élections viendront plus vite.
Est-ce pour autant un gage de succès? Non.
Retour au printemps 1998. Jean Charest débarque en sauveur à la tête du PLQ. Fin février 1998, un sondage Crop La Presse-TVA (une alliance possible à l’époque entre ces médias!) crédite le PLQ de 14 points d’avance, soit 52 % à 38 %, face au gouvernement sortant de Lucien Bouchard.
L’effet se maintient pendant des mois. En mars, Jean Charest et le PLQ ont 13 points d’avance. Et même 20 points d’avance en avril (CROP-The Gazette 4 avril 1998), qui accorde 57 % au PLQ et 37 % au PQ. En mai, le PLQ a encore huit points d’avance…
Lors des élections du 30 novembre 1998, à peine six mois plus tard, Lucien Bouchard et le PQ remportent un gouvernement majoritaire. Avec un peu moins de voix que le PLQ au total, c’est vrai, mais la victoire est tout de même dans la poche. Loin des résultats de sondages quelques mois plus tôt…
Évidemment, le multipartisme n’était pas aussi bien installé que maintenant, surtout chez les francophones. Il y avait moins de joueurs sur la patinoire politique. Maintenant, quand le vent des intentions de vote change de cap, il peut prendre plus qu’une seule direction.
C’est pourquoi l’entourage de Justin Trudeau et de Philippe Couillard ont intérêt à garder la tête froide. Ils peuvent réussir là où d’autres ont échoué, mais l’histoire enseigne une certaine prudence. Les rebonds post-congrès au leadership, c’est aussi courant que la neige en hiver. Maintenir le rythme est pas mal plus difficile. Et plus le parti monte rapidement, plus la chute risque d’être sévère éventuellement. Quelqu’un a dit «François Legault» dans la salle?
Être Pauline Marois et son équipe, je ne serais pas trop inquiète pour la survie du gouvernement. La force du PLQ est inversement proportionnelle à la faiblesse de la CAQ, qui, à 22 %, n’a pas intérêt à déclencher des élections à court terme. Philippe Couillard sait aussi très bien que son parti n’est pas prêt du tout à la bagarre électorale.
Être Pauline Marois, je serais davantage inquiète du taux d’insatisfaction à l’endroit du gouvernement. Il est stable ou en hausse depuis quatre mois consécutifs et oscille entre 63 % et 70 %. Quatre mois, ça commence à être une tendance. Le PQ devra commencer à l’inverser s’il veut redevenir compétitif dans les intentions de vote.
En septembre et octobre, une fois la poussière retombée, nous aurons une meilleure indication des forces en présence, autant à Québec qu’à Ottawa. En attendant, un peu de calme dans la cabane.
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