La vigne aussi s’éveille. Dans l’hémisphère Nord, du moins. Après un long repos végétatif amorcé à l’automne, une fois les raisins récoltés et les feuilles tombées, la sève recommence à circuler et, à compter de mars ou d’avril — selon les années —, on assiste au débourrement des bourgeons, qui se libèrent de la pellicule les ayant protégés du froid l’hiver durant. Apparaissent ensuite les feuilles, puis les grappes florales.
La floraison (étape suivante) ne dure qu’une semaine, mais elle a un effet déterminant sur l’issue du millésime. Pendant ces quelques jours du mois de juin, plus qu’à tout autre moment, les vignerons redoutent le froid et l’humidité : de telles conditions météorologiques peuvent entraîner une mauvaise fécondation et une baisse substantielle de la récolte. Ce cycle décisif achevé, les raisins pourront se développer et gagner en volume, tout en restant verts. Les multiples nuances, qui vont d’un blanc quasi translucide à un pourpre foncé selon les cépages, ne se révéleront qu’à la fin de juillet, souvent en août. Le cycle alors s’accélère : les taux d’acidité diminuent, la teneur en sucre augmente, les raisins sont à maturité. Vivement les vendanges !
Chaque bouteille porte en elle un peu de cette odyssée annuelle, un peu de la clémence et des vicissitudes de la météo. Certains vins sont de généreux cadeaux de la nature, d’autres sont des victoires dans l’adversité. Et c’est ce qui les rend d’autant plus précieux.
Voici deux vins qui, à leur manière, s’inscrivent bien dans cet esprit de printemps et de renouveau. Santé !
Les Vignes Retrouvées, Saint-Mont 2011, Union des producteurs Plaimont (10667319 ; 15,45 $)
Depuis plusieurs années, cette cave coopérative du Gers poursuit des recherches visant la restauration de vieux cépages locaux. Bon exemple modeste mais sincère de
vin blanc du Sud-Ouest, cette cuvée repose sur une composition originale de gros manseng, de petit courbu et d’arrufiac, un cépage jadis menacé d’extinction qui fut restauré par l’ancien régisseur de la cave de Plaimont, André Dubosc, au cours des années 1980. (plaimont.com)
Tetramythos, Kalavryta 2011, Achaïe (11885457 ; 15,45 $)
Sur les flancs du mont Helmos, à mi-chemin de Patras et de Corinthe, ce vignoble renaît littéralement de ses cendres depuis cinq ans. Panayiotis Papagiannopoulos a perdu sa cave et la majeure partie de ses vignes dans les feux de forêt qui ont ravagé le Péloponnèse à l’été 2007. Issu de l’agriculture biologique, ce vin rouge composé de noir de kalavryta, une variété rare aussi nommée mavro kalavritino, est encore très jeune et bénéficie d’une aération vigoureuse en carafe (30 minutes). Il révèle alors de bons goûts de fleurs, d’épices et de cuir, sur une trame tannique souple et délicate. Pas étonnant que Panayiotis Papagiannopoulos figure parmi les meilleurs représentants de la relève vigneronne grecque…
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