
Photo: Michiel Hendryckx / CC BY-SA 3.0
Comme à tous les vendredis, c’est jour de ma «citation de la semaine». Aujourd’hui, on change de registre…
Georges Moustaki, une des très grandes plumes de la chanson, n’est plus.
Lundi, il sera inhumé à Paris, au cimetière du Père Lachaise, où il ira rejoindre d’autres légendes de la musique et de la poésie françaises. Car, il ne fait aucun doute que Moustaki était un poète de la chanson. Un grand.
Avec les Brel, Brassens, Piaf, Ferrat, Montand, Barbara, Reggiani, Ferré, Gainsbourg et la magnifique Juliette Gréco – heureusement, encore parmi nous -, Moustaki lègue une oeuvre monumentale d’humanisme, de courage, de finesse, d’intelligence et d’engagement.
Amant de la vie et d’une beauté sculpturale, le «Métèque» est né Yussef Mustacchi, quelque part à Alexandrie, pays des pharaons.
D’origine juive grecque et devenu par la suite Français de cœur et d’esprit, l’homme était en fait de tous les continents. Sa parole et son verbe, eux, d’une irréductible beauté et d’une fidélité absolue à cette langue française, qu’il maniait avec la délicatesse d’un dentellier.
Pour tout vous dire, les départs successifs de tous ces grands artistes, dont les œuvres ont bercé et bercent encore tant d’heures de tant de vies, dont la mienne, je n’arrive jamais à m’y faire tout à fait.
L’espoir est que les nouvelles générations et celles à venir sauront, d’une manière ou d’une autre, découvrir, elles aussi, tous ces trésors.
Georges Moustaki, c’est l’émotion et le raffinement de l’esprit faits poésie.
Toutes ses chansons, je les ai aimées. Toutes. «Ma liberté», «La longue dame brune» écrite pour sa Barbara, «Ma solitude» et «Il y avait un jardin» – autant de perles parmi des colliers entiers reposant dans l’océan magistral de son œuvre.
Je ne sais trop pourquoi, mais de tous les géants de la chanson française maintenant disparus, la voix de Moustaki est celle qui me replonge, à chaque fois, dans un monde où mes propres disparus aimés y trouvent écho.
J’avoue toutefois un faible, un grand même, pour «Sans la nommer». Non pas tant pour la «révolution permanente» qu’il y chante que pour son hommage rendu au courage de ceux et celles qui se lèvent face à l’injustice et aussi, parce qu’elle traduit si bien ce que trop d’hommes finissent un jour par en faire…
Dans Le Devoir, Sylvain Cormier revient sur ses propres rencontres avec le «Métèque». Un fort joli texte.
J’y puiserai d’ailleurs ma citation de la semaine :
«Il nous fréquenta assidûment, amoureusement. Patrie québécoise. « À cause de Félix d’abord. Quand je suis allé l’écouter aux Trois Baudets, il n’était pas là, j’ai vu Brassens. Il m’a fait le cadeau de me faire connaître Brassens. Quand j’ai été pour la première fois à Québec, il m’a reçu à l’île d’Orléans. J’ai pu lui dire ma gratitude. […] Félix Leclerc a été le premier qui s’imposait avec une belle voix, une guitare et de la poésie. C’est-à-dire qu’il rompait avec le music-hall, avec tout ce qui était strass et artifices. […] C’est un poète qui chante, c’est un philosophe, c’est un observateur du temps qui passe, avec un regard extrêmement lucide, à la fois bienveillant et critique.»
Drôle de relire ça. On pourrait l’écrire à propos de Moustaki, ce doux homme irréductiblement libre qui fuyait descriptions, réductions et autres étiquettes.»
***
Dans cette mer de l’imaginaire où naviguent depuis des lustres tant et tant d’immenses talents d’une chanson française si merveilleusement universelle – Georges Moustaki nous rappelait ainsi, avec générosité et admiration -, à quel point l’oeuvre de Félix Leclerc y régnera toujours, elle aussi, parmi les plus grandes.
Le savons-nous seulement encore?
Georges Moustaki, votre héritage si généreux, vos chansons, nous les acceptons avec la plus grande des reconnaissances.
Puissiez-vous reposer en paix.
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