Le soleil se lève à peine lorsque je me réveille. Et pour cause, nous partons directement en « early safari », ou « safari au lever du jour ». Le point d'eau face au camp est plutôt désert, quelques zèbres et toujours un marabout, cet oiseau gigantesque à la démarche presque humaine. J'avale un lait chaud et un bout de gâteau pour me réveiller un tant soit peu.
Le but d'un safari matinal est de profiter des jolies lumières et de surprendre un peu les animaux. Mais ce matin-là, peut-être est-ce à cause de la pluie, ils se planquent un peu. Cela nous rappelle que nous sommes dans une grande réserve et pas au zoo, et que les animaux vont où bon leur semble. Et même si un chauffeur expérimenté connaît leurs habitudes, il ne peut pas être certain de réussir à les trouver. Alors tant pis, pas de léopard endormi sur sa branche pour nous ! Mais qu'importe, nous avons la vue du mont Kenya bien dégagée, les girafes, les singes... Et un peu plus tard dans la journée, James trouvera un groupe de lionnes !
Nous rentrons au lodge où nous attendent quatre dromadaires pour une petite promenade. Nous n'allons bien sûr pas au-delà des clôtures de l'hôtel, ça pourrait être dangereux mais c'est toujours amusant de monter sur un de ces gigantesques et étranges animaux. Au moins, lui, on peut l'approcher de près sans crainte !
Un autre animal étrangement peu sauvage ici est le rhinocéros que nous rencontrons l'après-midi. Nous voilà aux grilles d'un centre de protection de l'espèce, où se trouvent notamment quelques-uns des derniers rhinocéros blancs du Nord, une espèce très menacée. Jusque-là, je pensais le rhino paisible, certes mais pas forcément joueur. Le genre d'animal qu'on regarde de loin, qu'il ne faut pas trop embêter ! Mais voilà que le garde appelle les rhinos (chacun a son petit prénom), qui viennent un à un chercher à manger, pratiquement dans sa main. Mieux, alors que nous rentrons en voiture dans le parc, l'un des gros herbivores (récupéré récemment) file se cacher derrière un buisson, comme s'il avait peur... avant de courir à côté de la voiture, presque joueur.
Le parc permet de les protéger et de les nourrir (et là, on comprend pourquoi ils sont habitués à l'homme, contrairement à ceux que nous avions croisés jusqu'alors). Et qui dit nourriture, dit troupeau de rhinos tout autour de la voiture, qui mange, presque calmement alors que les gardes se tiennent juste à côté, sans protection. Presque calmement, parce qu'il y a quand même deux énergumènes un peu moins calmes : les deux noirs !
Comment on différencie un noir d'un blanc ? Pas à la couleur, non, uniquement à la forme de la bouche ! Le blanc a une bouche large, tandis que le noir a une gueule pointue.
Sur le chemin du retour, James fait un petit détour. Il a dû avoir l'info d'un autre chauffeur : nous voilà face à un groupe de lionnes. Deux autres 4x4 sont déjà là (ils ont tous la radio à basses fréquences pour s'échanger les bons plans). James se place doucement au plus près des lionnes. Elles sont paisibles, sur une petite bute, bien en évidence. On ne semble pas les déranger. Nous avons rarement été si silencieuses dans la voiture. Nous mitraillons, chuchotons un peu ; il ne faudrait pas gâcher ce moment privilégié.
L'une des lionnes se redresse, s'étire, et tend l'oreille. Elle a cette position typique du félin qui surveille ce qu'il se passe autour. Un pauvre herbivore inoffensif va y passer, dans quelques minutes. Et les voilà qui se lèvent et descendent de leur promontoire. Nous essayons de les suivre avec les appareils photos mais en deux minutes, elles sont passées entre les voitures et ont filé.
James remet la voiture en route, et se met en chasse, lui aussi. Il prend un chemin, puis un autre. On les aperçoit entre deux bosquets, on roule. Puis plus rien. Voilà, elles ont disparu. Mais je ne suis pas déçue. Non seulement on a pu les voir mais en plus, je n'avais somme toute pas franchement envie d'assister à une « scène de la nature » avec du sang et un animal déchiqueté.
Pour nous remettre de nos émotions, Muriuki et Sophie nous ont concocté une petite surprise. Derrière l'hôtel, au plus proche de la clôture, nous trouvons un feu... et de quoi prendre l'apéro ! Le soleil se couche, le feu crépite, et on trinque au voyage : « maicha malefu », disent les kenyans !
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