Verizon veut acheter Wind Mobile pour 700 millions de dollars. Voilà une nouvelle qui, à elle seule, a réussi à faire fondre la valeur des actions de Rogers, Telus et Bell de 8,4 % à 4 % en quelques minutes mercredi matin à la Bourse de Toronto.
Pourquoi cette panique?
Le marché de la téléphonie mobile est largement contrôlé par trois puissants opérateurs qui se partagent 25 millions d’abonnements. À eux trois, ils détiennent 93 % du marché canadien. Ils battent la mesure et sont en mesure d’imposer leurs conditions.
Depuis quelques années, le gouvernement fédéral tente d’élargir le marché et de favoriser l’émergence de nouveaux joueurs. Voilà pourquoi Vidéotron, au Québec, Wind Mobile, Mobilcity et Public Mobile, ont obtenu à des conditions favorables des fréquences lors des enchères du spectre réservé aux services sans fil évolués.
L’expérience n’a pas fonctionné. Wind Mobile ne compte que 600 000 abonnements au pays, Mobilcity et Public Mobile 250 000 chacun. À moins d’avoir les reins très solides et de s’appuyer sur d’autres services en télécommunications (câble et/ou téléphonie résidentielle), comme c’est le cas de Sask Tel Mobility (608 000 abonnements), de MTS, 493 000 clients au Manitoba, et de Vidéotron (421 000 au Québec), les petits joueurs ne sont pas de taille à affronter les trois géants de la téléphonie mobile.
Le gouvernement fédéral a montré ses couleurs en bloquant la tentative de mariage en Telus et Mobilcity, la société la plus mal en point. Mais comment alors solidifier les petits joueurs fragiles ? En favorisant leur consolidation, c’est-à-dire leur regroupement sous l’égide d’un groupe puissant capable de semer la pagaille dans le marché.
Ce joueur s’appelle Verizon. Il est américain, mais Ottawa a déjà assoupli les règles permettant à un joueur étranger de prendre le contrôle de petites compagnies de télécommunications qui contrôlent moins de 10 % du marché. Verizon ne pourrait pas acheter Bell, mais aucun souci avec Wind Mobile et sa part dérisoire du marché. Aucun problème non plus, dans un second temps, pour avaler Mobilcity et pourquoi pas Public Mobile, qui appartient depuis peu à la plus puissante famille canadienne, les Thomson.
Comparativement à Verizon, Rogers, Telus et Bell ne sont plus des géants, mais des nains. Verizon a quatre fois plus d’abonnés que les trois leaders canadiens réunis et sa valeur boursière est l’équivalent du double de celle des trois compagnies canadiennes mises ensemble. Bref, c’est un monstre qui aura les moyens de ses ambitions.
L’offre de Verizon est déposée et les discussions engagées. Je pense que les Canadiens seront bien servis par une concurrence accrue.
Cet article Tremblement de terre dans la téléphonie mobile est apparu en premier sur L'actualité.
Consultez la source sur Lactualite.com: Tremblement de terre dans la téléphonie mobile