En cédant sa place à Marcel Côté dans la course à la mairie de Montréal, Louise Harel offre une éloquente démonstration de l’instinct de survie tel qu’observé chez les bêtes politiques.
Mme Harel n’avait aucune chance de remporter la mairie, et elle le savait très bien. Si elle s’est lancée la première dans la course, en annonçant hâtivement sa candidature, en avril dernier, c’était surtout pour faire taire les critiques à l’intérieur de son parti, et faire une manœuvre de diversion pour balayer sous le tapis l’accumulation de mauvaises nouvelles.
Le jour où Mme Harel lançait sa campagne, le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) publiait les rapports financiers des partis. Vision Montréal ne pouvait plus cacher la verrue que représente sa dette de 575 000 $. Ce lourd passif forçait le parti à faire une campagne modeste, avec un budget prévu de 750 000 $, soit la moitié que lors de l’élection de 2009.
Étranglé par ses finances, le parti traîne aussi comme un boulet la réputation de Mme Harel à l’ouest du boulevard Saint-Laurent. Souverainiste de cœur et marraine des impopulaires fusions sur l’île, en 2001, elle ne pouvait tout simplement pas rallier les votes des anglophones et des fédéralistes. Ses appuis chez les francos étaient à 54 % lors des dernières élections, contre 4 % chez les anglos. Pas besoin d’embaucher un stratège politique payé dans les six chiffres pour comprendre cette impitoyable équation. Mme Harel et ses derniers fidèles couraient au désastre.
Mme Harel fut trop polarisée, pendant ses 27 ans de carrière à l’Assemblée nationale, pour être prise au sérieux dans le rôle de rassembleur attendu du prochain maire de Montréal.
Son mariage de raison avec Marcel Côté laisse entrevoir quelques espoirs pour les conseillers qui sont restés à ses côtés au cours des derniers mois.
Il faudra voir de quoi sera faite la «coalition» Côté-Harel qu’on nous promet maintenant. De nombreux «ex» d’Union Montréal, devenus indépendants à la suite de la démission de Gérald Tremblay, font partie des candidats capables de courtiser à la fois les anglophones et les fédéralistes, ces deux clientèles qui échappaient à Mme Harel. L’alliance passerait-elle par un rapprochement avec ces élus qui n’ont rien vu, rien su de la collusion?
À l’hôtel de ville, Louise Harel les a accusés de tous les maux: aveuglement volontaire, irresponsabilité, vol d’élections. Serait-elle maintenant prête à les accueillir à bras ouverts dans une coalition pour le «bien» de Montréal?
Vraiment, la politique municipale génère de curieuses alliances.
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