Elle s’assied, sucre son café, plante ses yeux bleus dans les vôtres, embraye : « J’avais beaucoup d’imagination, mais du mal à l’ordonner. » Pour mater le chaos, elle est passée par la littérature, puis par le théâtre physique, ensuite par une formation en cirque et par des études de cinéma. Héloïse Depocas additionne les aptitudes : comédienne, trapéziste, voltigeuse à cheval, danseuse (elle préfère le mot «bougeuse»), réalisatrice (court métrage, documentaire, conceptrice, metteure en scène, formatrice, directrice de compagnie (Fabrique Métamorphosis). Prosélyte de l’interdisciplinarité, elle métisse diverses formes d’expressions artistiques dans des spectacles — Les revenantes, Cité-Contact — qui traitent de dérive mondiale et de limites individuelles, « de notre manie de nous surtechnologiser, du clivage entre notre besoin de contacts et notre manière d’évoluer socialement en nous enfermant de plus en plus ». Quand on lui dit que sous l’étiquette « pluridisciplinaire » on a vu défiler sur nos scènes beaucoup de niaiseries, elle agrée : « L’osmose parfaite entre les genres est difficile. »
Pour Ironworkers Local 777 — son nouvel objet, bien entendu hybride —, la créatrice suractive a trouvé sa motivation et son ancrage dans cette saillie des monteurs de charpentes métalliques : « We don’t go to the office, we build the office. » Présenté parmi les tentations du festival Montréal complètement cirque (du 3 au 14 juillet), ce mariage du cirque et des arts numériques investit le dôme de la Société des arts technologiques, pourvu d’une scénographie immersive à 360°. « Ce spectacle, que je vois comme l’allégorie de la reconstruction d’un monde anéanti, parle de danger, de précarité et de vertige. Ces bâtisseurs qui, telles des fourmis dans les nuages, s’agitent au flanc de gratte-ciels représentent une métaphore de l’artiste. » Au son spatialisé, aux huit projecteurs, aux animations 2D et 3D répliquent les prouesses au mât chinois, au main à main, à la roue Cyr, etc., de quatre interprètes circassiens.
« Tout me passionne, me questionne, principalement ce que je ne connais pas. » Fille et petite-fille d’architectes, Héloïse s’intéresse au paysage urbain, aux sciences, à la robotique. Peut-être l’avez-vous déjà aperçue dans les festivals d’arts de la rue sous le costume de l’une ou l’autre de ses créatures performatives : Méduse au long voile piqueté de fleurs, Siamoise aux trois visages, Néréïde aux bras tentaculaires. « Je ne suis pas encore assez zen pour m’abreuver à une seule source. Un spectacle de cirque tout nu, ou du théâtre tout seul, m’excite moins qu’un show où plusieurs formes se percutent et s’explosent. » Que ça explose, alors !
• Ironworkers Local 777, Satosphère de la Société des arts technologiques, à Montréal, du 9 au 13 juillet ; billetterie : 514 285-9175, 1 855 770-3434.
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