Les dérives de la télé-réalité et de la célébrité instantanée ont déjà inspiré plusieurs scénaristes du Québec et d’ailleurs, ce qui a donné des films comme Truman Show, Idole instantanée et Louis 19, pour ne nommer que ceux-là. À cette liste, il faut désormais ajouter un nouveau titre, et non le moindre : Reality, du réalisateur italien Matteo Garrone.
Lorsque les producteurs de la célébre émission italienne de télé-réalité Grande Fratello débarquent à Naples, à la recherche des concurrents de la prochaine saison, toute la famille de Luciano l’implore d’aller passer l’audition. Après tout, Luciano est le fanfaron de son quartier et est aimé de tout le monde.
D’abord réticent, il finit par se laisser convaincre, voyant dans ce genre de Loft Story italien — où les concurrents vivent 24 heures sur 24 devant les caméras — une façon facile de gagner argent et notoriété, et de quitter son emploi de poissonnier.
Luciano, superbement interprété par Aniello Arena (dont c’est le premier film) franchira une à une les étapes menant vers cette gloire instantanée. Sauf qu’en cours de route, convaincu que les producteurs l’épient, il sombre dans paranoïa, la dépression et finit presque par perdre contact avec la réalité.
Ce film, bien qu’il traite d’un sujet maintes fois exploité depuis le milieu des années 1990, a le mérite de l’aborder sous un angle novateur. Cette fois, on ne s’attarde pas aux concurrents sélectionnés, mais bien à un individu anonyme et à son désir démesuré d’entrer dans la fameuse maison.
Malgré une première demi-heure confuse où l’action aurait pu être resserrée, Reality demeure une satire sociale réussie. Matteo Garrone est parvenu, à l’aide des personnages secondaires qui semblent parfois sorties tout droit des Belles-Sœurs de Michel Tremblay, à susciter une réelle sympathie pour le pauvre poissonnier. Ces femmes croient tellement en ses chances qu’on finit par y croire dur comme fer nous aussi.
Bien sûr, tout le monde s’embrasse, tout le monde s’engueule, ça gesticule et ça hurle, bref c’est la version caricaturale de l’Italie qu’on nous offre ici. Mais cela n’enlève rien au propos plus sérieux qu’il n’y paraît à prime abord : la télé-réalité fait beaucoup plus de victimes que de gagnants.
Reality a d’ailleurs remporté le Grand prix du jury, à Cannes, l’an dernier.
À voir.
Cet article Reality : les dessous pas toujours roses de la télé-réalité est apparu en premier sur L'actualité.
Consultez la source sur Lactualite.com: Reality les dessous pas toujours roses de la télé-réalité