Mardi après-midi, les marchés nord-américains accusaient un important recul, malgré des nouvelles encourageantes provenant des consommateurs américains. Les investisseurs auraient été normalement ravis de ces bonnes nouvelles, mais l’incertitude crée par les menaces d’interventions américaine, française et peut-être d’autres pays en Syrie, ont pesé plus lourd dans la balance.
Pourquoi les marchés réagissent-t-ils si promptement et si vigoureusement? Il y a plusieurs niveaux d’explications.
D’abord, les marchés sont de grands nerveux, qui haïssent l’incertitude et s’imaginent d’emblée les pires scénarios. C’est dans leur ADN. Le taux de chômage est à la hausse? C’est forcément parce que la récession menace. Un gouvernement est remplacé? Il pourrait faire pire que son prédécesseur. Le titre d’une entreprise se replie? Il risque de fondre comme neige au soleil! Ceux qui investissent à court terme sont sensibles comme de la nitroglycérine à tout ce qui se passe et à tout ce qui se dit, car ils ont tellement peur de mal interpréter la direction du marché. Dès qu’une tendance se manifeste, elle est amplifiée.
Deuxièmement, une intervention armée potentielle est forcément vue comme quelque chose d’imprévisible et susceptible de causer des soucis. Qu’arrivera-t-il si les Américains et les Français bombardent les armées de Bachar al-Assad? Y aura-t-il une escalade? Faudra-t-il des troupes au sol pour appuyer les frappes aériennes? Les alliés du régime syrien riposteront-ils? L’approvisionnement en pétrole sera-t-il menacé? Cette intervention aura-t-elle un impact sur le prix du pétrole? Une hausse du prix du pétrole sapetera-t-elle pour de bon la timide croissance économique des pays occidentaux? Lequel cas, les marchés boursiers seront-ils fortement touchés? Et quels titres plus particulièrement apparaissent comme étant vulnérables? C’est sans fin.
D’autres, mais ils ne sont pas très nombreux, vont se demander si les pays occidentaux ont les moyens de se lancer dans une nouvelle aventure moyen-orientale. Il y a deux ans, les Américains estimaient qu’ils avaient déjà dépensé 500 milliards de dollars en Irak et plus du double en Afghanistan.
Les optimistes nous parleront plutôt de l’intervention en Libye il y a deux ans comme point de comparaison avec ce qui pourrait se passer en Syrie. Cette intervention, limitée aux frappes aériennes, a coûté 1,1 milliard aux Américains, 347 millions aux Canadiens, 343 millions de livres aux Britanniques et 300 millions d’euros aux Français, en plus des dépenses spécifiques de l’OTAN payées par l’ensemble de ses membres.
Les frappes aériennes coûtent moins cher, mais elles ne sont pas gratuites et peuvent miner bien des efforts de redressements budgétaires. Les Français ont calculé qu’ils avaient dépensé en Libye une centaine de millions d’euros juste en munitions et 50 millions en carburant. Un seule missile Tomahawk de la Marine américaine revient à environ 1,4 million de dollars. Des pinottes pour le Pentagone, mais faut-il rappeler que le déficit budgétaire américain prévu pour cette année est de 642 milliards de dollars.
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