1) Mon premier gros bémol de la soirée va à… moi, qui suis arrivé devant mon téléviseur à 20 h plutôt qu’à 19 h 30, parce que les vrais hommes ne demandent pas le chemin et ne consultent pas le téléhoraire. J’ai donc manqué tout un numéro d’ouverture (m’a-t-on dit), le très drôle (m’a-t-on dit aussi) stand-up d’introduction de Louis-José Houde et un discours de remerciements de Louis-Jean Cormier. Heureusement, pour ce dernier, j’allais pouvoir me reprendre.
2) Louis-Jean Cormier est rock. Keith Kouna est rock. Daniel Bélanger dans son délire rétro est rock. Les Trois Accords sont rock. Jean-Marc Couture (hum… Qui? Laissez-moi googler… ha! Un ancien académicien. D’accord. On peut poursuivre.) est rock. Tout le monde est rock, selon cette catégorie! Et ma tante Gertrude, elle est rock? Et ma chaise de cuisine, elle est rock? Bref, les catégories du gala de l’ADISQ sont souvent la preuve patente que de catégoriser la musique est un exercice particulièrement absurde… surtout quand c’est le producteur de l’album qui décide de la catégorie où il l’inscrit.
3) Hélène était une chanson délicieusement sucrée (oui, oui : délicieusement!) à l’époque, et elle l’est encore. Souligner son anniversaire n’était pas essentiel, mais c’était bien. Coeur de pirate, par contre… Comment dire? Parfois, j’ai l’impression que la jeune dame sonne de plus en plus souvent comme une imitation de Coeur de pirate.
4) Après des années à me gratter l’os occipital en me demandant ce que peut bien désigner la catégorie «Adulte contemporain», voilà que le formidable Louis-José Houde nous offre la réponse: il s’agit d’une catégorie pour ces artistes qui sortent «un album plus mature». Ça a beau être une blague, ça a tout de même beaucoup de sens.
5) Vous n’avez PAS aimé l’animation de Louis-José Houde? Avez-vous déjà pensé consulter?

Vous voulez d’autres images qui bougent, comme celle-ci? Passez au iciradiocanada.tumblr.com. L’équipe de médias sociaux de Radio-Canada en a concoctés plusieurs très rigolos.
6) Tout au long du gala, quelques capsules sont venues souligner le travail de ces gens de l’ombre qui gèrent les carrières des artistes. C’est une bonne chose. Croyez-moi, savoir organiser un spectacle, envoyer un communiqué aux journalistes, concevoir une pochette et tout le reste, ce n’est pas donné à tout le monde. Écrire de bonnes chansons, c’est bien, mais ce ne sera jamais suffisant pour vous permettre d’en vivre.
7) À chaque année depuis 10 ans (au moins), un artiste (une sœur Boulay, cette année) profite de ses remerciements pour dénoncer les radios commerciales. Et est-ce que ça a changé quoi que ce soit? La réponse en deux mots : Pan et Toute. Je sais bien que ce serait agréable pour tout le monde de passer à CKOI et à CKMF (ou peu importe leur nouveau nom, j’ai cessé de suivre) et de pouvoir vendre éventuellement plus d’albums. Mais ça n’arrivera pas. D’abord, il y a une différence de son entre le disque des sœurs Boulay et celui de Marc Dupré, et l’un ne coule pas très bien après l’autre. C’est la même chose quand la radio de Radio-Canada nous envoie une pièce de Marie-Mai: ça ne sonne pas naturel. Sinon, doit-on rappeler qu’en 2013, ce n’est plus aussi nécessaire de passer entre les rires bien gras de l’équipe du matin pour exister dans le paysage musical?
8) Parlant radio, j’aimerais profiter de ce billet de blogue au sujet du gala de l’ADISQ pour vous annoncer les invités de ma propre émission cette semaine… Vous voyez, Marina et José, combien ça manque de classe ?
9) Parlant de Marina Orsini, j’espère que les artistes vont la prendre au mot et commencer à se présenter à son émission sans attendre d’être invités. Après tout, elle a bien dit qu’ils étaient les bienvenus, non?
10) Si vous trouviez le duo Roch Voisine/Coeur de pirate complètement improbable, vous avez dû vous étouffer en voyant l’époustouflante prestation d’Oliver Jones, Matt Herskowitz, Daniel Thouin, Alex McMahon et Luc Beauséjour. Un bon coup musical du gala.
11) Kaïn, Mes Aïeux, Loco Locass, Les Cowboys Fringants… La catégorie s’appelle Groupe de l’année. On ne dit pas quelle année, par contre. En 2014, ce sera sûrement au tour d’Arcade Fire. (Ne retenons pas notre souffle, puisqu’il faudrait pour cela changer les règles et convaincre le groupe de s’inscrire lui-même.)
12) Une rumeur veut que l’ADISQ ne prenne pas la peine de réimprimer une nouvelle enveloppe pour Mes Aïeux chaque année. Ils recyclent plutôt celle de 2009.
13) Permettez-moi d’être un amateur de musique snob quelques instants : les gagnants choisis par le public nous font redouter le pire pour les élections municipales à venir. Vox populi, vox Marc Dupréi.
14) Remettre une série de Prix du public en finale de gala, quand on vient de passer toute une soirée à remettre des prix selon le mérite (dit-on), c’est s’assurer un «clash» pas possible. C’était inévitable. Pourquoi ne pas les disperser dans la soirée ? Ainsi, les amateurs de musique n’ont pas l’impression que la soirée se termine en queue de poisson et le grand public n’a pas à attendre à la toute fin pour voir ses chouchous faire des remerciements. Mettons-nous à la place de la madame de la rue Panet. Elle devait être tannée de demander à son mari «c’est qui ça, Keith Kouna?».
15) Dans la catégorie Chanson de l’année, on trouvait une reprise (Mon coeur pour te garder, reprise par Amélie Veille d’une chanson chantée par Noëlle Cordier en 1977). C’est parce que, durant l’année, il ne s’est écrit que neuf chansons au Québec. Il fallait bien remplir la dixième case de cette catégorie avec quelque chose. Mentionnons aussi au passage que la chanson gagnante de l’an dernier, Sans cri ni haine, de Marie-Mai, était une reprise en français de la méga-star suédoise Robyn.
16) Félicitations à Karim Ouellet pour son Félix de la chanson de l’année. C’est tout à fait mérité. L’amour est, sans conteste, un petit bijou de musique pop. [Ne me parlez pas de Marc Dupré, je fais du déni. Merci.]

Encore une fois, un gif animé concocté avec l’argent de nos taxes. iciradiocanada.tumblr.com
17) Si Louis-Jean Cormier avait gagné un prix de plus, il ne lui serait resté que le gars qui a inséré le livret dans la pochette de son disque à remercier. Un chic type. (Ho, et Louis-Jean aussi a l’air d’une bonne personne.)
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